Projet Impacts : S’informer avant de siéger

Quand Ahdithya Visweswaran a été élu au conseil d’administration de l’ACFA provincial en Alberta, il voulait participer à l’évolution de l’organisme vers une institution représentative de la diversité francophone dans la province. Cependant, il s’est vite rendu compte que la structure des OBNL est plus rigide qu’il ne l’avait crue, et qu’il avait beaucoup à apprendre pour contribuer efficacement.

« J’ai siégé sur un seul conseil d’administration ; c’était le conseil d’administration de l’ACFA Provinciale en Alberta. C’était la première fois que je faisais partie d’un CA, donc c’était quand même très nouveau pour moi. Je ne savais pas comment ça fonctionnait, mais j’étais là pour faire entendre ma voix et ma perspective quand on me l’a sollicitée. Je ne voyais pas la diversité de la communauté franco-albertaine sur le conseil d’administration, et par extension, dans les événements, dans les institutions ou dans le mandat de l’organisme. Je voulais apporter cette perspective-là et pousser des réflexions qu’on n’aurait pas sans des expériences vécues. Ce n’est pas par manque de volonté—des fois c’est juste par manque de sensibilisation à ces réalités-là. J’avais la capacité mentale pour faire ce travail émotionnel. 

Les opérations vont seulement représenter la diversité et les besoins de la communauté si la gouvernance l’informe. Ça doit être stratégique. On doit penser non seulement aux besoins qu’on entend, mais aussi aux besoins qu’on voit. Cette capacité de voir des besoins vient seulement quand nous-mêmes on fait partie des communautés qui ne sont peut-être pas vues ou pas entendues. Les événements, les services, tout ce qui est le output des organismes et des institutions de notre communauté, vont seulement combler nos besoins si on les informe. Selon moi, la meilleure manière d’informer ça, c’est d’être à la table qui prend les décisions, qui vote, qui dit oui ou qui dit non, qui décide comment l’argent va être gérée, divisée et dépensée. C’est pour ça qu’on a besoin d’une gouvernance diversifiée qui reflète la ou les communautés de la manière la plus juste possible. 

En même temps, c’était difficile ; je ne comprenais pas nécessairement les limites de la gouvernance. J’aurais pu être plus efficace avec mes interventions si j’aurais compris la différence entre la gouvernance et l’opération. On ne veut pas être dans la cuisine ; on veut diriger ce qui se passe dans la cuisine. Ça peut être drainant de faire partie d’institutions avec des règlements super rigides et des façons très rigides d’intervenir. Cette rigidité n’est pas pour tout le monde, et j’aurais aimé le savoir. 

Je pense qu’une formation au tout début du genre « C’est quoi la gouvernance » m’aurait fait du bien. Comment est-ce que la gouvernance fonctionne? Quelles sont les responsabilités et les attentes d’un administrateur? Par exemple, quand il était temps de réviser les états financiers de l’organisme, j’étais complètement perdu. Je ne voulais pas poser de question parce que je ne voulais pas paraître stupide, mais ce n’est pas une question de stupidité! C’est vraiment pour être diligent et bien faire son travail. Un genre de jumelage entre moi—un nouvel administrateur—et une des personnes qui était là depuis très longtemps m’aurait permis de poser cette question de façon moins intense, sans ressentir la pression de ce que le reste du groupe pense de moi. 

En ce moment, je suis de l’autre bord ; je travaille dans l’opération d’un organisme en tant que Directeur des affaires publiques et politiques chez Canadian Parents for French. C’est un réseau national de parents, d’enseignants et d’élèves dans les programmes de français langue seconde pour promouvoir des opportunités de parler et vivre en français en dehors de la salle de classe. Je dois collaborer de près avec les conseils d’administration de plusieurs organismes, et c’est maintenant que je me rends compte à quel point c’est détaillé. Il y a des obligations juridiques, des risques, des responsabilités financières quand t’es administrateur. Il y a des risques financiers pour toi comme individu, et je pense que chaque personne doit être complètement informée pour savoir si elle est bien placée ou non pour faire ce travail. Cette formation—cette information—m’aurait été utile au début de mon mandat. 

Depuis que je suis de l’autre côté de la structure, j’ai un peu plus de patience. Je ne veux pas que les risques tombent sur nos administrateurs parce que maintenant, je sais quels sont les risques de faire partie d’une instance de gouvernance. Donc, je travaille de manière plus diligente, plus réfléchie. Je sais que les personnes qui sont sur le conseil d’administration de mon organisme sont là parce qu’elles sont passionnées et parce qu’elles sont des expertes dans leur domaine. Ces personnes sont vraiment là pour donner des conseils. On peut les inclure, les impliquer, les consulter à tout moment. Je les implique peut-être plus que certaines en voudront, mais je pense qu’au fond ça fait que l’organisme est mieux capable de répondre aux besoins de ses membres. »

Grâce au projet Impacts, des personnes queer d’expression française de partout dans l’Ouest seront formées gratuitement en matière de gouvernance, secondées dans leurs mises en candidature pour des conseils d’administration, et accompagnées dans leurs premiers mandats. 
Trouvez toutes les informations sur la page web du projet.