Projet Impacts : L’importance d’outiller les groupes marginalisés

Les conseils d’administration des organismes communautaires se trouvent parfois à recruter des bénévoles qui relèvent de communautés marginalisées pour ajouter de la diversité à leur CA—ce qui est forcément bien intentionné, mais qui se fait sans que les personnes recrutées ne comprennent pleinement à quoi elles s’engagent. Emmanuelle Corne Bertrand (elle), Directrice générale de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique, explique l’importance de trouver l’équilibre entre un CA bien formé et un CA représentatif pour le bien-être d’un organisme.

« Je fais une différence entre un CA ‘bien outillé et engagé’ et un CA ‘représentatif’. Quand l’un ou l’autre fait défaut, nous rencontrons des défis, mais pas les mêmes ! Alors l’idéal, c’est bien entendu d’avoir les deux !

Le Conseil d’administration est l’organe qui est responsable de la bonne administration de l’organisme, et qui donne les grandes orientations stratégiques, qui donne une vision. Pour bien faire cela, on a besoin en priorité de personnes compétentes, formées, visionnaires. Quand les personnes ne sont pas bien formées et engagées sur les enjeux de diversité, c’est un réel défi car les orientations stratégiques sont souvent ‘aveugles’ à la diversité. De mon expérience, ce n’est pas une mauvaise volonté de la part du CA, mais bien un manque de compétence et d’expertise. À l’inverse, quand le CA est bien outillé et bien formé, cela donne une vraie plus-value à l’organisme, et montre un leadership souvent fort sur ces enjeux. La direction générale est alors encouragée et soutenue sur ces enjeux par le CA, le discours officiel de l’organisme est systématiquement inclusif, les pratiques inclusives menées par l’équipe sont analysées, observées, complétées, la direction peut se reposer sur son CA pour l’aider à avancer sur les enjeux de diversité.

Un CA représentatif de la diversité n’est pas nécessairement un CA formé et compétent, et on ne veut pas non plus faire reposer sur les épaules des personnes qui viennent de communautés minorisées la responsabilité de parler au nom de leurs pairs, si ce n’est pas leur mandat auprès de cette / de ces communautés.

L’avantage d’avoir un CA représentatif, c’est que ça permet d’apporter des approches, des perspectives plus variées dans les échanges et les travaux du CA. Ça renvoie également une image d’inclusion de la diversité de la part de l’organisme, et c’est ‘invitant’ pour les membres des communautés qui se sentent alors représentées sur le CA.

La question de la diversité est très importante, en particulier en Colombie-Britannique, où notre population francophone est vraiment diversifiée, et assez éparpillée sur le territoire.

Je dirais donc qu’un CA compétent ET qui inclut une diversité de membres est essentiel pour avoir un organisme qui regarde vers l’avenir, et qui enrichit ses perspectives, et est en phase avec la communauté qu’il sert.

Le défi ? C’est souvent intimidant d’être la première personne représentative de minorités à intégrer un CA. Et tant qu’on n’a pas cette première personne, on n’en attirera pas d’autres. Du côté des personnes déjà membres des CA, elles ne savent souvent pas comment procéder pour inviter des personnes différentes d’elles à présenter leur candidature. Elles ne savent pas comment les rejoindre, comment aborder le sujet avec elles, ou de quoi elles ont besoin pour se sentir suffisamment en confiance pour se lancer. Les CA francophones sont des CA élus, alors il faut aussi passer par une phase de campagne électorale, des élections, etc.

Mais si cet organisme vous plait, que vous avez envie de vous engager au sein de son CA, parlez-en aux membres actuels du CA, parlez-en à la direction générale de l’organisme, et faites-leur part de vos appréhensions et de vos inquiétudes. Ils et elles sauront vous guider dans toutes les étapes, y compris dans la phase d’intégration, une fois élu.e. Et si vous êtes élu.e, dites-vous que vous êtes légitime. Vous avez votre place. On vous attend ☺ »

Grâce au projet Impacts, des personnes queer d’expression française de partout dans l’Ouest seront formées gratuitement en matière de gouvernance, secondées dans leurs mises en candidature pour des conseils d’administration, et accompagnées dans leurs premiers mandats. 
Trouvez toutes les informations sur la page web du projet.

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