Two-Spirit
dans le temps

Two-Spirit
de nos jours

Présentation des participant.es

Harvey Michele est un Ojibway bispirituel vivant à Montréal, au Québec. Il a vécu 28 ans avec un diagnostic de VIH-SIDA et s’est engagé très tôt dans le mouvement de lutte contre le VIH-SIDA. Il a siégé sur le comité directeur de la cohorte Omega de 1989 à 1992 avec le Dr Otis. Son rôle consistait à concevoir des stratégies de prévention pour la communauté gaie de Montréal. Il a été membre permanent du comité sur le VIH-SIDA de la Commission de la santé et des services sociaux du Québec et du Labrador de 2000 à 2010 et a également été membre du conseil d’administration du Centre d’amitié autochtone de Montréal et du CAAN. Le CAAN lui a décerné un prix Lifetime Legacy pour son travail continu aux niveaux local, provincial et national. Il a également été président du Centre de santé autochtone de Tiothtake (Montréal). Actuellement, Harvey est gardien du savoir pour le projet de la Fondation 2sims sur le projet Trauma Informed. Ses connaissances sont vastes et il apporte une expérience partagée et vécue approfondie au conseil d’administration.

Harvey Michele est un Ojibway bispirituel vivant à Montréal, au Québec. Il a vécu 28 ans avec un diagnostic de VIH-SIDA et s’est engagé très tôt dans le mouvement de lutte contre le VIH-SIDA. Il a siégé sur le comité directeur de la cohorte Omega de 1989 à 1992 avec le Dr Otis. Son rôle consistait à concevoir des stratégies de prévention pour la communauté gaie de Montréal. Il a été membre permanent du comité sur le VIH-SIDA de la Commission de la santé et des services sociaux du Québec et du Labrador de 2000 à 2010 et a également été membre du conseil d’administration du Centre d’amitié autochtone de Montréal et du CAAN. Le CAAN lui a décerné un prix Lifetime Legacy pour son travail continu aux niveaux local, provincial et national. Il a également été président du Centre de santé autochtone de Tiothtake (Montréal). Actuellement, Harvey est gardien du savoir pour le projet de la Fondation 2sims sur le projet Trauma Informed. Ses connaissances sont vastes et il apporte une expérience partagée et vécue approfondie au conseil d’administration.

Harvey Michele est un Ojibway bispirituel vivant à Montréal, au Québec. Il a vécu 28 ans avec un diagnostic de VIH-SIDA et s’est engagé très tôt dans le mouvement de lutte contre le VIH-SIDA. Il a siégé sur le comité directeur de la cohorte Omega de 1989 à 1992 avec le Dr Otis. Son rôle consistait à concevoir des stratégies de prévention pour la communauté gaie de Montréal. Il a été membre permanent du comité sur le VIH-SIDA de la Commission de la santé et des services sociaux du Québec et du Labrador de 2000 à 2010 et a également été membre du conseil d’administration du Centre d’amitié autochtone de Montréal et du CAAN. Le CAAN lui a décerné un prix Lifetime Legacy pour son travail continu aux niveaux local, provincial et national. Il a également été président du Centre de santé autochtone de Tiothtake (Montréal). Actuellement, Harvey est gardien du savoir pour le projet de la Fondation 2sims sur le projet Trauma Informed. Ses connaissances sont vastes et il apporte une expérience partagée et vécue approfondie au conseil d’administration.

 

Harvey Michele est un Ojibway bispirituel vivant à Montréal, au Québec. Il a vécu 28 ans avec un diagnostic de VIH-SIDA et s’est engagé très tôt dans le mouvement de lutte contre le VIH-SIDA. Il a siégé sur le comité directeur de la cohorte Omega de 1989 à 1992 avec le Dr Otis. Son rôle consistait à concevoir des stratégies de prévention pour la communauté gaie de Montréal. Il a été membre permanent du comité sur le VIH-SIDA de la Commission de la santé et des services sociaux du Québec et du Labrador de 2000 à 2010 et a également été membre du conseil d’administration du Centre d’amitié autochtone de Montréal et du CAAN. Le CAAN lui a décerné un prix Lifetime Legacy pour son travail continu aux niveaux local, provincial et national. Il a également été président du Centre de santé autochtone de Tiothtake (Montréal). Actuellement, Harvey est gardien du savoir pour le projet de la Fondation 2sims sur le projet Trauma Informed. Ses connaissances sont vastes et il apporte une expérience partagée et vécue approfondie au conseil d’administration.

Préambule

L’identité two-spirit à travers le temps: Dans cette vidéo, Géorgie et Harvey se présentent comme des personnes Two-Spirit. Georgie explique les différents rôles que les personnes Two-Spirit jouaient avant la colonisation.

Questions de discussion avant la vidéo:

1.

Que connaissez-vous sur les identités Two-Spirit? Est-ce que vous connaissez des personnes Two-Spirit dans vos communautés ou dans les médias?

2.

Que connaissez-vous sur les identités autochtones précoloniales?

3.

Qu’est-ce que vous aimeriez apprendre sur les identités Two-Spirit?

Questions de discussion avant la vidéo:

1.

Qu’avez-vous appris de nouveau sur les identités Two-Spirit?

2.

Pourquoi est-il important de comprendre les rôles que les personnes Two-Spirit jouaient dans leurs communautés avant la colonisation?

3.

En quoi le travail d’aidant.e, comme celui de Harvey et Géorgie, est-il un exemple de force et de résilience pour les personnes Two-Spirit?

4.

Est-ce que vous connaissez d’autres exemples d’identités précoloniales qui représentent la diversité sexuelle et de genre dans d’autres parties du monde? (Voici quelques exemples: Katoï, Hijra, Diversité sexuelle et de genre dans la culture arabe.)

5.

Selon vous, quels impacts les écoles résidentielles ont-elles eu sur les traditions et les identités autochtones, en particulier pour les personnes Two-Spirit?

Questions de discussion avant la vidéo:

L'identité two-spirit de nos jours: Dans cette vidéo, les intervenant.e.s, Géorgie et Harvey, expliquent ce que l'identité Two-Spirit représente à leurs yeux, et leurs souhaits pour l’avenir.

1.

Comment l’identité Two-Spirit contribue-t-elle à la diversité dans les communautés autochtones?

2.

Pourquoi est-il important de reconnaître et de soutenir les identités queers et trans dans le contexte autochtone?

3.

Quelles actions peuvent être prises pour réduire la peur et la discrimination que ressentent les personnes Two-Spirit dans notre société?

4.

En quoi le rôle de Georgie en tant que modèle peut-il aider les jeunes personnes Two-Spirit à s’accepter et à s’affirmer?

5.

Comment pouvons-nous encourager le dialogue et la compréhension entre les différentes identités au sein de nos communautés?

Introduction

Les identités autochtones présentes sur l’Île de la Tortue, qui englobe l’Amérique du Nord, l’Amérique centrale et les Caraïbes, sont riches et variées. Des milliers de nations distinctes parlent des centaines de langues et dialectes, et possèdent des systèmes politiques, des valeurs et des normes uniques. Ces nations ont aussi développé une multitude de façons de se lier à la terre. La plupart -sinon toutes – de ces communautés ont reconnu des individus dont les rôles ne rentraient pas dans les catégories traditionnelles de « masculin » et « féminin ». Certaines d’entre elles acceptaient les unions et les relations entre personnes de même sexe, tandis que d’autres identifiaient jusqu’à treize identités de genre différentes.

L’usage du terme « Two-Spirit » rend hommage à la conception autochtone selon laquelle de nombreuses personnes de la diversité sexuelle et de genre autochtone occupent des rôles sociaux et/ou spirituels significatifs au sein de leur communauté. En 1990, la conférence Native American/First Nations Gay and Lesbian Conference (traduction: gais et lesbiennes autochtones et des Premières Nations en français) avait comme but de montrer que la diversité sexuelle et de genre dans les communautés autochtones était distincte des identités LGBTQIA+ développées dans les communautés non autochtones.

Pour toutes ces raisons, il n’existe pas de définition unique du terme «Two-Spirit». En tant que terme générique, il est façonné par la ou les nations, la communauté, la famille et le clan autochtones auxquels une personne appartient, ainsi que par sa propre compréhension et interprétation de ce mot.

Une note sur le langage: On voit parfois des traductions pour le mot anglophone « Two-Spirit » en français, comme les mots « deux-esprit» ou « bispirituel ». Cependant, il n’y a pas de traduction francophone qui a été légitimée par un rassemblement de personnes autochtones de la même façon. C’est pour cette raison que nous avons choisi d’utiliser le terme Two-Spirit dans ce document.

Dans la vidéo Two-spirit dans le temps, Géorgie discute de l’impact de la colonisation sur les personnes autochtones sur l’Île de la Tortue.

De façon générale, les colon.nes européen.es ne comprenaient pas la diversité sexuelle et de genre. Plusieurs forces structurelles comme l’éducation, la religion et les lois ont été utilisées pour criminaliser la diversité sexuelle et de genre chez les communautés autochtones. Des personnages historiques comme OshTish (nation Crow) et We’wha (nation Zuni) ont été emprisonné.es et puni.es pour avoir refusé de se plier aux normes coloniales concernant le genre et la sexualité. Il est important de noter que ce ne sont que deux exemples parmi des milliers d’individu.es ayant subi un traitement similaire, dont les histoires ont été effacées.

historique

Osh-Tish

Osh-Tisch était une guerrière de la nation Crow qui a été née mâle et a vécu sa vie comme une femme. Le terme pour cette réalité dans la langue Crow est baté. Elle avait un rôle très respecté dans la communauté. On la voit photographiée avec sa femme. En 1890, un agent des Bureaux des affaires indiennes a emprisonné Osh-Tisch pour sa présentation féminine.

On l’a forcée à prendre un rôle masculin (couper ses cheveux, porter des vêtements d’hommes, compléter les tâches réservées aux hommes dans la communauté, etc). Les membres de la nation Crow étaient contre le traitement de Osh-Tisch, car le peuple voyait ceci comme une violation de la nature et de leur culture. Les membres de la nation ont exigé le congédiement de l’agent en question et le gouvernement a accepté de le congédier.

We-wha

We-wha est une personne de la nation Zuni, qui est née mâle et a vécu sa vie comme lhamana, le terme pour un troisième genre dans cette communauté (dans différents documents, on peut voir différents pronoms utiliser pour We-wha, et nous avons choisi d’utilisé le pronom elle, par contre nous voulons préciser que son identité de genre est lhamana plutôt que femme). We-wha avait un rôle très important dans sa société – elle faisait des tâches considérées comme masculines ainsi que celles vues comme féminines. Elle faisait le tissage, la poterie, la chasse et elle était une chef spirituelle. We-wha à rencontrer une ethnologue qui était très intéressée par son tissage et sa poterie, et donc l’a amené avec elle à Washington. C’est là que We-wha a été invitée à rencontrer le président des État-Unis. On la voit en photo faisant son tissage à la Maison

Langues

Les nations autochtones de l’Île de la Tortue utilisaient beaucoup de termes pour parler de la diversité sexuelle et de genre, et ce, des milliers d’années avant que la communauté queer et diversifiée que nous connaissons aujourd’hui n’élabore ces termes. En raison des effets persistants de la colonisation, de nombreux peuples autochtones ne connaissent plus les mots liés à leur identité dans leur propre langue et choisissent donc d’utiliser des termes en anglais. Voici quelques mots de la diversité sexuelle et de genre dans les langues autochtones.

Anishinaabemowin (parlé par les personnes Anishinaabeg, Ojibwe, Potawatomi et plusieurs autres nations
Ogitchidaa ikwe : une femme guerrière
Niizh-manidoowag : quelqu’un qui se trouve dans l’entre-deux sacré, quelqu’un qui transcende les conceptions coloniales du genre et de l’orientation sexuelle (traduction littérale : « bispirituel »)
Nêhiyawêwin (parlé par les personnes Nēhiyaw ou Cree/Cris) :
ihkwêw : personne de tout genre
ayahkwêw : un homme habillé/vivant/accepté comme une femme (certains ont suggéré que ce mot peut en fait être utilisé comme une sorte de troisième sexe)
înahpîkasoht : une femme habillée/vivante/acceptée comme un homme
iskwêhkân : celui qui agit/vis comme une femme
napêhkân : celui qui agit/vis comme un homme
Inuktitut (parlé par les personnes Inuit):
Qaigajuariit : lesbienne (traduction littérale : « deux choses douces qui se frottent l’une à l’autre »)
Angutauqatigiik : gai (traduction littérale : « deux choses dures/brutes qui se frottent l’une à l’autre »)

 

ORIGINES DU TERME

ORIGINES DU TERME

Myra Laramee

En 1990, lors de la conférence Native American/First Nations Gay and Lesbian Conference (traduction: gais et lesbiennes autochtones et des Premières Nations), Myra Laramee a introduit le terme niizh-manidoowag, un mot anishinaabemowin vieux de plusieurs siècles, qui se traduit littéralement par « deux-esprits ». Le terme anglais « two-spirit » a été adopté et approuvé par les participant.e.s, afin d’aider les peuples autochtones à retrouver un mot qui les relie à leur identité, distinct de la communauté et de la terminologie LGBTQIA+ au sens large.

Le rassemblement, qui s’est tenu à Winnipeg, a été organisé par la Nichiwakan Native Gay and Lesbian Society. Albert McLeod, l’un des fondateurs du groupe, a précisé que bien que cette organisation eut une courte vie – ne survivant que jusqu’aux années 1990 – elle a mis en place plusieurs événements sociaux et communautaires. En 1988, la Société a envoyé des délégué.e.s au premier rassemblement officiel des peuples autochtones 2SLGBTQIA+, intitulé « The Basket and the Bow », qui s’est tenu à Minneapolis. En 1990, le troisième rassemblement a eu lieu à Winnipeg, sous le thème « Spiritualité dans les années 90 ». Ce rassemblement a inclus des cérémonies, des cercles de discussion, des repas, une soirée de divertissement et un pow-wow.

Informations supplémentaires

Harlan Pruden, éducateur des Premières Nations Nēhiyo (Cris), souligne que le terme «two-spirit» n’est pas une identité en soi, mais plutôt un outil ou une stratégie d’organisation, intimement lié au contexte de la résistance et de la résilience autochtones au fil du temps. L’expression « deux esprits » ou « bispirituel » permet aux peuples autochtones de renouer avec leurs pratiques culturelles et incarne des années d’efforts de décolonisation.

Tous les membres de la communauté queer autochtone ne s’identifient pas nécessairement comme two-spirit; certains préfèrent se rattacher à la communauté LGBTQIA+, tandis que d’autres choisissent une variété de termes pour exprimer leurs expériences.

Témoignage - Jay Campagne

Être two-spirit pour moi, c’est une façon de vivre qui relie les multiples intersections de ma vie. Ma spiritualité, mon identité queer, et ma transidentité on un lien profond avec mon héritage Autochtone et la culture traditionnelle de mes ancêtres. Ce n’est pas seulement une identité; c’est à la fois une responsabilité et un appel à honorer ces connexions uniques tout en naviguant un monde qui est très souvent déconnecté.

Dans nos communautés, les personnes two-spirit ont toujours eu des rôles importants. Nous étions des gardiens de savoir, des guérisseurs, et des médiateurs. Ces rôles nous permettaient d’occuper des positions de leadership et d’équilibre entre les mondes spirituels et physiques, mais aussi entre les traditions et le présent, et entre l’individu et la communauté. Cette fluidité et unité ont été compromises par la rigidité imposée par la colonisation, mais nous, les personnes two-spirit, travaillons activement à réclamer et à récupérer ces rôles et à redonner vie à ces traditions.

L’intersectionnalité est une réalité que je vis au quotidien. Étant une personne qui porte non seulement l’identité Autochtone two-spirit, mais aussi celle d’une personne queer et trans*, je me retrouve souvent dans un monde qui reste hostile à ma diversité. Cependant, mes expériences personnelles liées à ces identités, bien qu’isolantes à certains moments, m’ont offert une perspective unique. J’ai appris ce que cela signifie de ne pas toujours se sentir à sa place et, malgré tout, de continuer à avancer avec de la résilience.

J’ai appris à embrasser ces complexités non pas comme des obstacles dans mon chemin, mais comme un atout qui enrichit ma compréhension de moi-même et de mon environnement. En tant que travailleur social de formation, j’intègre les valeurs de la dignité, du respect, et de la connexion dans tout ce que je fais. Je vois mon rôle professionnel comme une opportunité précieuse de créer un pont entre les réalités des personnes indigiqueer et les systèmes de soins contemporains. J’intègre activement les enseignements de mes ancêtres et la sagesse traditionnelle qu’on m’a transmise dans mon approche relationnelle.

Ces enseignements m’aident à offrir un soutien significatif aux personnes et aux communautés avec lesquelles je travail. Je crois profondément que mon identité two-spirit me guide, ainsi que ma pratique, en offrant une voie unique vers la guérison et la réconciliation, tant pour moi que pour les autres. Être two-spirit c’est une partie intégrale de qui je suis comme personne. C’est un rappel constant de mon rôle sacré en communauté, et ma vocation de promouvoir l’authenticité, l’équilibre, et le lien entre les deux mondes. Cela est non seulement pour moi, mais aussi à partager et à vivre avec celleux qui m’entourent, pour bâtir des ponts entre le passé, le présent et l’avenir.

Remercîments:
Merci à Gabe Calderon pour la collaboration dans ce projet
Merci à Harvey Michele et Géorgie Gagné pour la partage
Merci à Jessica l’Heureux pour le montage

References:
Calderon, G. (2024). Insights on Two-Spirit Identity [Two-Spirit consultant]. Personal interview and document creation.
McLeod, A. (1980-2019). Two Spirit Historical Storykeeper and Archivist [Two-Spirit elder].
https://cdm15931.contentdm.oclc.org/digital/collection/two-spirit/search/
http://museumqueeries.org/snapthoughts/two-spirit-archives-conversation-with-albert-mcleod/
https://twospiritmanitoba.ca/about-us