L’expérience de participer au conseil d’administration d’un organisme peut être elle-même une formation inimitable. C’est en partie ce qui motive Eric Plamondon (il/lui), artiste et administrateur, à s’impliquer dans sa communauté. Au fil des ans, il a pu contribuer à la gouvernance d’organismes comme le Festival du Voyageur, Culture Days Manitoba, et la Société de la francophonie Manitobaine (entre autres). Il nous a fait part de quelques façons dont ces expériences ont forgé le chemin de sa carrière.
« Je m’implique depuis longtemps dans des conseils d’administration, et je travaille aussi comme administrateur dans le secteur d’organismes à but non-lucratif, donc je connais les deux côtés de l’équation. Je suis un grand défendeur de ce modèle de redevance communautaire. Un conseil d’administration crée une culture où l’organisme est au service de la communauté. Surtout comme président, le travail est d’entendre différentes perspectives. Ça permet à une différente histoire de faire surface, une histoire méconnue. C’est tendre l’oreille et inviter le partage. C’est une ouverture qui ne sert pas à mettre au défi ce qui est établi, mais plutôt qui le rend complexe et diverse ; au bout de la ligne, il y a de la place pour tout le monde.
Je me souviens que quand je suis revenu à Winnipeg après avoir terminé un bac à Ottawa, je me suis tout de suite présenté aux élections du conseil d’administration de la Société de la francophonie manitobaine. Je n’ai pas gagné les élections ; je sortais de nulle part, et personne ne me connaissait. Mais ça a déclenché de belles opportunités, dont écrire une « chronik » dans le journal La Liberté appelé « Politiké », une perspective jeunesse sur comment la politique affecte la communauté. Je me suis fait connaître et je me suis présenté l’année suivante—là, j’ai été élu. Mais c’était un choc pour moi après le monde des organismes jeunesse où tout était possible, où tout se permettait en termes de discussions. Tout d’un coup j’arrivais dans une institution ferme avec une culture ferme. Même si je connaissais les processus et procédures, j’ai dû apprendre l’art de faire valoir ma perspective et d’effectuer du changement. Ça prend des compromis et de la patience, mais c’est valorisant quand tu vois que le changement se fait.
Je suis fervent croyant que la représentativité importe énormément. Juste le fait d’être visible sur un CA, ce que ça peut dégager à tous les échelons de l’organisme est irréfutable. Si les dirigeants se permettent une certaine diversité, une représentativité, c’est un signal que les employé.e.s, bénévoles, la direction—tout est fair game pour cette même représentativité. On m’a souvent demandé si être ouvertement queer m’a fermé ou ouvert des portes. Je n’ai aucun doute que c’est les deux, mais je n’ai également aucun doute que d’être sur un CA est une expérience inestimable. Retrousser tes manches et être au cœur de tout ça, ça t’apprend tellement ; comment tu peux avoir tes influences, le timing, ce qui est possible et quand lorsque tant de différentes personnes et perspectives partagent une salle et une vision. C’est du travail, mais ce sont des moments de développement qui m’auraient pris des décennies à accéder comme employé d’une grande corporation. Sur un CA, tout ce que ça m’a coûté c’est de lever ma main et dire ‘oui, je me porte bénévole.’ Ce n’est pas le fait d’être queer qui m’a ouvert ou fermé des portes, c’est d’avoir eu le courage de m’impliquer.
Tout devient moins intimidant avec le temps. Par exemple, après avoir siégé sur un CA, une commission nationale n’est véritablement pas hors de la portée de ce que je suis capable de faire. Mais ça a pris ce premier pas d’implication pour le comprendre. Si tu as une curiosité et que tu veux comprendre comment toutes les roues de la charrette font avancer la machine, être sur un CA est une formation incroyable. »
Grâce au projet Impacts, des personnes queer d’expression française de partout dans l’Ouest seront formées gratuitement en matière de gouvernance, secondées dans leurs mises en candidature pour des conseils d’administration, et accompagnées dans leurs premiers mandats.
Trouvez toutes les informations sur la page web du projet.

