Par Anastasia Trudel (elle/il)
Au cours des dernières années, les lois transphobiques ont vu une résurgence globale. Parmi celles-ci figurent les lois et restrictions sur la participation des athlètes trans dans les sports. Ces lois sont rarement basées sur des statistiques ou des rapports scientifiques et propagent souvent de la désinformation. Aujourd’hui, nous allons démystifier plusieurs de ces idées fausses, particulièrement autour des femmes trans.
Souvent, ceux qui sont contre la participation des athlètes trans utilisent les termes « femmes biologiques » ou « hommes biologiques ». L’utilisation de ces termes constitue une formulation transmisogyne qui vise à nier l’existence des personnes trans.
Ensuite, parlons de l’argument selon lequel certaines femmes trans jouiraient d’un avantage physique injuste. La science montre que les femmes trans perdent une quantité significative de masse musculaire et que leurs niveaux de testostérone sont souvent plus bas que ceux des femmes cis après les traitements hormonaux. Leur performance sportive décline notablement et leurs niveaux d’hémoglobine deviennent très similaires à ceux des femmes cis, un facteur souvent perçu comme donnant un avantage aux hommes dans les sports. De plus, même si ces changements n’affectent pas leur taille, elles doivent quand même bouger un corps plus massif avec moins de muscles.
Il est également pertinent de se demander ce qui constitue un avantage injuste. Il existe plusieurs femmes et hommes cisgenres qui réussissent dans les sports compétitifs bien qu’ils soient plus grands ou plus petits que la moyenne. Cependant, nous ne créons pas de divisions sportives spécifiques pour ces personnes. Cette réalité s’applique aussi aux sports de contact : la physiologie des femmes trans n’est plus la même que celle des hommes cis, et ignorer ce fait revient à ignorer la science actuelle. De plus, affirmer que les femmes trans ne devraient pas jouer contre les femmes cis repose sur l’idée sexiste que tous les hommes ont un avantage insurmontable sur les femmes. Cette idée contribue davantage à creuser les inégalités entre hommes et femmes dans les sports qu’à protéger les femmes cis.
Les restrictions imposées aux femmes trans dans les sports nuisent autant aux femmes cis qu’aux femmes trans. Elles constituent une nouvelle manière de contrôler les femmes et leur corps. Pour vérifier le sexe biologique des participantes, celles-ci devraient subir des méthodes de vérification invasives et humiliantes, voire déshumanisantes. Ces restrictions pourraient également encourager les femmes à se dénoncer les unes les autres, créant un environnement malsain et hostile. De plus, aux États-Unis, les États qui imposent des restrictions aux femmes trans constatent un déclin de la participation des femmes cis et trans, tandis que les États qui protègent les droits des femmes trans observent une augmentation de la participation.
Sur ce sujet, il est important de noter que les adolescents trans qui participent à un sport (dans la division qui s’aligne avec leur identité de genre) sont moins susceptibles de faire une tentative de suicide, reçoivent de meilleures notes à l’école, se sentent plus confiants en eux-mêmes et sont moins souvent victimes de discrimination, comparés à leurs pairs trans qui ne participent pas à des sports. Enfin, ces restrictions contre les personnes trans violent la Charte canadienne des droits et libertés. Les organisations et gouvernements qui soutiennent l’exclusion adoptent souvent des politiques ou idéologies déjà empreintes de racisme, d’homophobie ou de transphobie.
Après avoir lu ceci, penses-tu que les athlètes trans devraient être inclus ? Gardons en tête qu’à travers l’histoire, les lois et restrictions imposées aux humains sur la base d’un aspect identitaire ont toujours encouragé la discrimination plutôt que l’inclusion.