Nous avons échangé avec Sympa César (il/iel), auteur-compositeur-interprète et bénévole chevronné des OBNL francophones en Alberta. Sympa nous a raconté l’impact qu’il a pu avoir au sein des conseils d’administration sur lesquels iel a siégé.
« Plusieurs choses m’ont poussé à me joindre aux conseils que j’ai fréquentés (Francophonie jeunesse de l’Alberta, le Comité FrancoQueer, la radio communautaire), la première étant tout simplement le désir de faire des nouveaux·elles ami·e·s. Veut ou veut pas, en rentrant dans le CA d’un organisme, tu vas forcément rencontrer plein de nouveau monde, et surtout du monde qui a souvent des valeurs et des intérêts en commun avec toi. Bien que ce ne soit pas toujours le cas, j’ai pu rencontrer de super belles personnes qui restent des ami·e·s à vie, et j’en suis très reconnaissant. Une autre raison pour laquelle j’ai commencé à m’impliquer auprès des conseils d’administration c’est le fait de pouvoir affecter des vrais changements au niveau local et surtout communautaire ; tu peux voir en temps réel l’impact qu’ont tes décisions. De nos jours, en regardant ce qui se passe aux niveaux fédéral, provincial et même parfois municipal, on se sent un peu dépourvu·e·s, parce qu’on ne pense pas avoir un effet réel sur ce qui se passe. Ça peut parfois donner un sentiment de désillusion, mais en faisant partie d’un conseil d’administration, tu peux affecter des changements auprès de ta communauté, et tu verras ces changements en temps réel, même si ça prend du temps et parfois un peu de bureaucratie.
La plus belle expérience que j’ai eue dans un conseil c’était lors d’un de mes mandats en tant que président de FJA, et président du comité organisateur du Parlement Jeunesse de l’Alberta. J’étais la première personne de couleur à occuper les deux postes dans l’histoire de l’organisme, et avec ça je me suis dit qu’il fallait des changements afin de rendre les activités de FJA, surtout le parlement jeunesse, plus inclusives. J’étais prêt à me battre contre mon CA et le restant du comité organisateur, mais heureusement pour ma part, iels étaient d’accord avec moi qu’il fallait instaurer des nouvelles pratiques et procédures afin de rendre l’évènement et l’organisme plus inclusif. On a donc changé nos tactiques de marketing ; on est allés parler lors d’évènements qui regroupaient spécifiquement des personnes de couleur et des nouveaux arrivants, que ce soit juste la jeunesse ou avec leurs parents, pour promouvoir les bienfaits et les bénéfices de l’organisme. Surtout, on voulait savoir ce qui les prévenait de s’inscrire à nos événements, et ce qu’on pouvait faire pour rendre l’événement plus invitant et inclusif. On a aussi fait des changements aux statuts et règlements de FJA, tel que le droit de porter des vêtements culturels en chambre de débat au lieu de l’habit standard parlementaire. On a eu un nombre record de participation cette année, dont plusieurs étaient des jeunes de couleur et des nouveaux·elles arrivant·e·s. Ceci a mené à une très belle diversité dans le débat, les habitué·e·s ont pu se faire des nouveaux·elles ami·e·s qu’iels n’auraient jamais eu la chance de rencontrer sans cet événement, et on a même pu convaincre quelques-un·e·s des nouveaux·elles de se présenter en élection pour le comité organisateur de la prochaine édition de l’événement. Je suis infiniment reconnaissant d’avoir pu travailler sur cet événement et d’avoir pu changer quelque chose pour le mieux—quelque chose qui aura des répercussions à travers tous les autres événements de l’organisme!
Je trouve ça hyper important d’avoir des voix diverses sur les conseils d’administration. On a besoin de plusieurs différentes perspectives à la table pour prendre des décisions saines, car ces décisions vont affecter le quotidien d’une communauté remplie de différentes personnes avec pleins de différents besoins. Pour s’assurer que chaque personne se sente comme elle a une voix à la table, il faut d’abord que la table soit entourée de plein de différentes personnes avec des perspectives parfois divergentes, mais qui peuvent s’aligner autour d’un mandat centralisé. »
Grâce au projet Impacts, des personnes queer d’expression française de partout dans l’Ouest seront formées gratuitement en matière de gouvernance, secondées dans leurs mises en candidature pour des conseils d’administration, et accompagnées dans leurs premiers mandats. Trouvez toutes les informations sur la page web du projet.
